moumoune Admin
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| Sujet: Faire avaler des couleuvres Mer 31 Aoû - 13:44 | |
| Mercredi 31 août 2011: Faire avaler des couleuvres / Avaler des couleuvres Infliger des humiliations, des désagréments à longueur de temps à quelqu’un / Subir des humiliations, des affronts ou des désagréments sans oser protester. Faire accepter, à un quidam, n’importe quoi comme une vérité / Accepter n’importe quoi comme une vérité. L’expression “faire avaler des couleuvres “, attestée dès 1667, se retrouve dans la correspondance suivie de Bussy-Rabutin et de Madame de Sévigné avec le sens, oublié de nos jours, “infliger des désagréments à quelqu’un”; le mot couleuvre symbolisant alors quelque chose de tortueux. Cette explication de la locution se retrouve postérieurement chez A. Furetière et V. d’Hautel en ces termes:
- “Couleuvre s.f. Serpent qui est de la figure d’une anguille,
& qu’on reconnoist quand il est dans un étang, en ce qu’il a toûjours la teste hors de l’eau. [...] On dit qu’un homme a bien avalé des couleuvres, lorsqu’on a dit ou fait devant luy plusieurs choses fascheuses qu’il se peut appliquer, ayant été cependant obligé de cacher le desplaisir qu’il en avoit.”Antoine Furetière, “Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois”, 1695
- “Couleuvre. Faire avaler des couleuvres à quelqu’un. Signifie lui faire essuyer de grandes mortifications, des chagrins amers.” V.d’Hautel, “Dictionnaire du bas langage”, 1808
Cependant, comment est-on passé de l’idée de mortification ou d’humiliation à celle de mensonge à l’heure actuelle? Il existe deux versions possibles pour expliquer l’origine de cette signification:
- Alain Rey suppose dans son “Robert, Dictionnaire Historique de la Langue Française” que le mot couleuvre désignant dès le XVIe siècle, quelque chose de tortueux, se serait croisé avec le sens figuré du mot couleur
existant durant la période des XVe au XVIIe siècles, soit: l’apparence trompeuse, la fausse apparence. Ainsi, ce mélange de termes et de significations aurait affublé la couleuvre des attributs du mensonge et de la perfidie, donnant dès lors le sens de “tromper quelqu’un” à l’expression ” faire avaler des couleuvres”.
- Claude Duneton, quant à lui, donne une autre explication dans son livre “La puce à l’oreille”:
“Je pense pour ma part qu’il y a là quelque part “anguille sous roche”. L’anguille, poisson d’eau douce à forme de serpent, constituait, du temps qu’elle foisonnait dans nos pures rivières, un mets courant et particulièrement apprécié. Il est probable que c’est par opposition à elle que la couleuvre, considérée comme répugnante et même dangereuse, intervient. Des hôtes mauvais plaisants auraient-ils servi des couleuvres en lieu d’anguilles pour éprouver la docilité de leurs convives?… Le coup du chat à la sauce lapin? Après tout la couleuvre est comestible, et de chair fine au dire de certains. On l’appelle aussi anguille de haie.”
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